Le parlement européen a soutenu hier (358 voix POUR, 202 voix CONTRE, 79 ABSTENTION) l’initiative citoyenne européenne (ICE) « My Voice My Choice : pour un avortement sûr et accessible partout en Europe ». Durant tout le débat, les député-es européen-nes du rassemblement national (et tous les député-es d’extrême droite européenne) ont essayé de faire obstruction et d’empêcher le vote. Malgré leurs manœuvres et leurs votes, c’est une victoire pour les femmes d’Europe.
La pétition relayée par le monde associatif et par la CGT a recueilli plus d’ 1,2 millions de signatures vérifiées. La commission européenne doit maintenant décider d’ici le 2 mars si elle légifère en la matière.
Pour rappel, la pétition d’initiative citoyenne a été lancée le 24 avril 2024 dans le but de collecter suffisamment de signatures en Europe.
En Europe, plus de 20 millions de femmes n’ont pas accès à l’avortement. Des femmes meurent encore aujourd’hui en Pologne en tentant d’avorter par elles-mêmes, c’est le cas également à Malte. Partout ce droit est fragile et est remis en question ou son accès durci. C’est le cas en Hongrie où les femmes sont obligées d’écouter le battement de cœur du fœtus. Au Portugal, elles doivent se soumettre à un examen psychologique approfondi. Dans la plupart des pays européens dont la France (sauf la Suède, la Finlande et la Lituanie), les soignant-es peuvent refuser par « une clause de conscience » de pratiquer l’avortement. Cela concerne en moyenne moins de 10 % des praticien-nes mais cela concerne 70 % des praticien-nes italien-nes et 59 % des praticien-nes croates. En Roumanie, les hôpitaux publics ne le pratiquent pas. D’autres tentatives pour entraver ce droit de la part de réactionnaires ont eu lieu, en Espagne notamment ou en Slovaquie. En France, l’accès à l’avortement, malgré sa liberté garantie dans la constitution, est soumis au stock de pilules abortives (souvenons-nous de la rupture de stock de 2023), aux moyens pour les centres IVG et pour les associations. De plus, des campagnes réactionnaires des anti-choix sont de plus en plus courantes.
Dans tous les pays, ce sont les femmes les plus précaires qui sont les premières victimes de ses restrictions à leurs droits. Dans beaucoup de pays, même lorsqu’il est autorisé, l’avortement n’est pas gratuit et là où il est entravé les femmes sont soit obligées de parcourir de longues distances et partir se faire avorter à l’étranger, soit obligées de chercher des alternatives dangereuses dans leur propre pays en raison du manque d’accès à l’avortement.
La campagne «My Voice, My Choice» offre aux citoye.ness européen.nes la possibilité de rendre la vie des femmes plus facile, plus sûre et meilleure, où qu’elles vivent dans l’Union et quelles que soient les conditions dans lesquelles elles se trouvent. Elle invite la Commission européenne à présenter, dans un esprit de solidarité, une proposition de soutien financier aux États membres qui seraient en mesure de réaliser des interruptions de grossesse pour toutes femmes en Europe qui n’auraient toujours pas accès à un avortement sans danger et légal.
Nous espérons que cette première victoire sera confirmée en mars !
