24 octobre 2025 Tribunal de Montargis
Nous sommes reuni.e.s toutes et tous aujourd’hui devant le tribunal en soutien a Manon qui comparait au bureau de jugement dans un dossier qui l’oppose à son ex-employeur. Ex-employeur qui l’a licencié pour inaptitude au travail.
Mais ne nous y trompons pas. Manon n’a pas été déclarée inapte au travail pour rien, mais bien parce qu’elle a dénoncé auprès d’un médecin psychologue, des maltraitances au travail subies et constatées.
Des violences verbales subies :
Je cite : « les femmes enceintes n’ont rien à faire derrière le bar ce n’est pas joli et puis elles sont trop grosses elles ne passent pas entre les tables » « les femmes sont la pire race après les crapauds » …, fausses rumeurs lancées sur le potentiel décès d’un enfant de son enfant, pour ne citer que celles-ci tellement les propos sont violents.
Des violences physiques constatées :
Une employée qui se prend une baffe devant les clients. Serveuses contraintes de boire.
Des atteintes à ses droits fondamentaux,
En suspendant de façon arbitraire sa mutuelle durant son congés maternité et en ayant l’audace de lui demander le remboursement du montant verse durant cette période. Des documents envoyés tardivement la laissant sans rémunération.
Quand on peut lire que les bourreaux se posent en victime et portent plainte pour diffamation, ou trouve dans le cas présent, des témoignages de complaisance, quand on peut entendre que la victime a plutôt intérêt à être blanche comme neige pour que sa parole soit entendue, que sa façon de s’habiller ou de parler a peut-être pu prêter à confusion (ben voyons !), ce n’est pas facile de passer le pas et de porter plainte. Comme quoi, il y a encore énormément de barrières à faire tomber. Y compris dans le champ professionnel.
Pour autant, nous pouvons saluer le courage dont a fait preuve Manon en de posant plusieurs plaintes à l’encontre de cet ex-employeur ainsi qu’une main courante.
Depuis que la procédure au Conseil de Prud’hommes est lancée, bizarrement Manon a vu ses animaux de compagnie disparaître et s’est retrouvée plusieurs fois avec les pneus de sa voiture crevés. Ne devons-nous pas y voir une forme d’intimidation ?!
« La violence au travail se produit lorsqu’un.e ou plusieurs travailleur.euses sont agressé.es dans des circonstances liées au travail. Elle va du manque de respect à la manifestation de la volonté de nuire, de détruire, de l’incivilité à l’agression physique. La violence au travail peut prendre la forme d’agression verbale, d’agression comportementale, notamment sexiste, d’agression physique… »
C’est bien parce que Manon est une femme que cet employeur sans scrupule s’est attaqué à elle, et a d’autres avant elle. C’est bien sa condition de femmes, de mère qui a été attaquée. Aujourd’hui, nous sommes toutes et tous présent es pour dire que nous ne laisserons pas cette situation perdurer sans réagir. C’est pour cela que, le Collectif Droits des Femmes CGT du Loiret, Femmes Solidaires, sommes la aujourd’hui pour lui apporter un soutien sans faille.
Si la parole s’est libérée à la suite du mouvement #metoo, si les femmes se sont senties moins seules et isolées, nous ne pouvons que constater le travail qui nous attend encore pour faire reconnaître les violences subies. Et ce sont bien des violences qu’à subie Manon
Les femmes veulent l’égalité salariale, et en plus elles voudraient être traitées comme n’importe quel collègue masculin ? ! Mais où va le monde !!!
Les discours sexistes et masculinistes gagnent en visibilité dans la société, notamment via les médias et les discours des politiques. La mécanique est classique : plus on obtient d’avancées, plus ça résiste en face, jusqu’au retour en arrière et son lot d’attaques et de régressions (le fameux « backlash », « retour de bâton »).
Nous sommes dans une période où la montée des conservatismes menace à nouveau les libertés conquises. Alors que les violences faites aux femmes augmentent, que les inégalités salariales persistent et que des voix appellent à « réviser » les droits acquis, il nous faut nous unir et résister. Il reste beaucoup de progrès a faire mais surtout à préserver. Les droits des femmes sont fragiles. Rien n’est jamais acquis. Les droits ne se de fendent pas en silence.
Les droits des femmes ne sont pas des concessions, mais des conquêtes populaires, fragiles.
