Selon un rapport publié le 14 octobre 2022 par Eurofound, la crise sanitaire liée au Covid-19 a aggravé les inégalités existantes entre les femmes et les hommes dans de nombreux domaines, dont l’accès au marché du travail, les conditions de travail et l’équilibre global entre temps de travail et temps personnel. Le rapport souligne en particulier les conséquences sur les femmes, mères de famille et travaillant à domicile. Enfin, les auteurs soulignent l’implication déterminante des femmes dans le travail du soin non rémunéré.

Les femmes consacraient beaucoup plus de temps au travail non rémunéré que les hommes durant la crise sanitaire dans l’Union européenne.

En apparence, sur le marché du travail, l’impact de la crise sanitaire semble affecter les hommes et les femmes de la même manière, indique tout d’abord le rapport d’Eurofound publié le 14 octobre 2022. Pourtant, les pertes d’emplois pour les femmes ont été les plus importantes dans la catégorie des travailleurs les moins bien rémunérés.

Si les femmes ont conservé leur emploi dans certains secteurs où elles sont fortement présentes, comme les services qualifiés d’essentiels durant la crise et les emplois télétravaillables, d’autres secteurs où les femmes sont surreprésentées tels que l’hôtellerie et les soins ont connu des pertes d’emplois beaucoup plus importantes durant la pandémie. À l’inverse, les pertes d’emplois des hommes se révèlent équilibrées dans l’ensemble des secteurs d’activité.

UN ÉQUILIBRE DES TEMPS DE VIE BOULEVERSÉ

La vie au sein des foyers pendant la crise a également été difficile, entraînant une dégradation de l’équilibre entre les temps de vie professionnel et personnel, tant pour les femmes que pour les hommes.

Toutefois, la détérioration de cet équilibre a été particulièrement frappante chez les femmes, mères de famille en télétravail. « Les nouvelles découvertes révèlent comment le passage au télétravail ou à des modalités de travail flexibles est plus susceptible d’être adopté par les femmes, risquant d’aggraver les inégalités entre les sexes là où l’augmentation de la charge de travail non rémunérée et la baisse de la visibilité sur le lieu de travail peuvent entraîner des conséquences imprévues sur la progression de carrière, la rémunération et les retraites », précisent les auteurs.

Ainsi, les femmes sont plus nombreuses (3,8 %) que les hommes (2,9 %) à estimer qu’il était difficile durant la crise de travailler dans de bonnes conditions et de se concentrer, compte tenu des responsabilités familiales. Un constat dressé surtout par les mères de famille (5,3 %). De même, les femmes sont un peu plus susceptibles (21,4 %) que les hommes (20 %) de déclarer être trop fatiguées après avoir effectué leur journée de travail pour s’occuper des tâches ménagères.

CROISSANCE DU TRAVAIL NON RÉMUNÉRÉ

Par ailleurs, la crise sanitaire a accru le besoin de travail non rémunéré, avec une accentuation des rôles de genre. En 2021, les femmes consacrent 40,3 heures à effectuer un travail non rémunéré, contre 28,8 pour les hommes. Si les femmes investissent du temps dans le travail du soin et des tâches ménagères (cuisine, nettoyage…), les hommes, quant à eux, s’occupent du jardinage, du bricolage et du transport de la famille. Les auteurs soulignent toutefois que lorsque les hommes s’investissent dans la garde des enfants, dans les familles à deux revenus, l’implication de ces derniers n’augmente que s’ils travaillent depuis leur domicile, et que les mères travaillent à l’extérieur du foyer.

Enfin, parmi les personnes occupées, le temps de travail hebdomadaire total des femmes (lorsque travail rémunéré et non rémunéré sont comptabilisés) dépasse celui des hommes de plus de 7 heures à l’échelle de l’Union européenne. Ce chiffre monte même à près de 19 heures si l’on compare les femmes et les hommes qui ont des enfants et qui travaillent à temps complet.