Installée depuis 1964 en Seine-Saint-Denis, la maternité des Lilas est une des pionnières en France de l’accouchement le moins médicalisé possible et a développé une spécificité en matière d’avortement et de contraception. Une structure qui n’a eu de cesse d’agir concrètement pour les droits des femmes, notamment à disposer de leur corps, l’ARS a décidé de retirer son agrément et d’arrêter de financer cette maternité, ce qui revient à la liquidation judiciaire et au dépôt de bilan de la maternité.

C’est un pan de l’histoire des luttes féministes pour l’égalité femmes hommes que l’ARS décide ainsi d’abandonner. Des acteurs locaux, dont la mairie des Lilas se sont mobilisés pour maintenir un centre de santé sur le site, avec notamment la préservation d’une activité d’accompagnement des IVG. Cependant, après la maternité de Livry-Gargan, c’est une nouvelle maternité qui ferme en Seine-Saint-Denis, sans mesure pour maintenir les capacités d’accueil de notre territoire qui diminuent inexorablement alors que la Seine-Saint-Denis connait l’une des plus fortes natalités du pays.

Depuis les années 1990 ce ne sont pas moins d’une dizaine de maternités de proximité qui ont été fermées dans le 93. Les conséquences sont délétères pour la patientèle et les hôpitaux publics. On surcharge les maternités des hôpitaux, qui sont avant tout là pour prendre en charge les grossesses dites difficiles, ce qui met en grande tension les personnels et les dispositifs d’accueil des grossesses délicates, et on néglige, faute de moyens, l’accompagnement social d’un accouchement.

La grossesse n’est pas une maladie, les maternités de proximité ont un rôle fondamental à jouer. Il existe des alternatives aux logiques d’austérité et de construction d’usines à bébé que prône l’ARS. Nous exigeons la création d’une structure, maternité de niveau 1 adossée à l’hôpital de Montreuil et le transfert des personnels de la maternité des Lilas. L’hôpital intercommunal est désormais desservi par la ligne 11 du métro et dispose d’une maternité de type 3. Cette structure a la capacité et les compétences pour reconstruire une offre périnatale au cœur de l’intercommunalité Est Ensemble au profit d’une population victime d’une rupture d’égalité en matière d’accès aux soins, si elle est soutenue par l’ARS.

Nous assistons à une dégradation préoccupante des indicateurs de santé maternelle et périnatale en France, parmi les moins bons en Europe. Il y a désormais urgence à mettre en place un plan de périnatalité ambitieux, c’est une priorité de santé publique.