La CPAM 93 a reconnu en septembre 2017 que la fausse couche au travail d’Ayele AJAVON était un accident du travail. C’est dorénavant au juge départiteur du Conseil des Prud’hommes de Bobigny de se prononcer sur le caractère réel et sérieux de son licenciement.

L’audience en départage aura lieu le 28 mai à 13h30 au Conseil des Prud’hommes de Bobigny.

Ayele avait perdu son enfant suite à la rupture de la poche des eaux sur son lieu de travail – le magasin O’Marché Frais de la Courneuve – en juin 2016. Elle avait été licenciée quatre mois plus tard, après que les délégués du personnel aient demandé à la direction quelles mesures elle comptait mettre en place pour que de tels accidents ne se reproduisent pas.

L’émotion suscitée par le licenciement d’Ayele et la mobilisation conjointe de la CGT, des associations féministes et des services de l’État ont eu des répercussions concrètes sur la vie au travail dans la magasin O’Marché Frais de La Courneuve, notamment le déplacement des rayons frais, pour que les caissières soient moins exposées au froid pendant leur journée de travail et la fourniture de doudounes pour les protéger du froid.

Après que la Fédération CGT du commerce et des services et la Confédération CGT aient interpellé la branche grande distribution et le gouvernement pour exiger des mesures de protection des femmes enceintes, la Ministre du droit des femmes avait créé en février 2017 un groupe de travail au Conseil Supérieur pour l’Egalité Professionnelle. Cette commission avait travaillé sur les enjeux juridiques de la protection des femmes enceintes et avait diligenté un rapport de l’ANACT sur la question. Malheureusement, ce rapport a été enterré par le gouvernement. Une proposition de loi, introduite par Marie-George Buffet, allongeant la durée du congé maternité et votée en première lecture par l’Assemblée nationale a connu le même sort : un blocage par le gouvernement pour des raisons budgétaires.

En attendant d’hypothétiques avancées législatives, Ayele doit mobiliser toute sa volonté pour faire reconnaître le lien entre ses conditions de travail et la perte de son enfant. Si son courage a permis de faire avancer le débat public, elle doit affronter seule le long parcours du combattant que subissent la plupart des accidentés du travail. Car chacun des multiples obstacles administratifs réveille la souffrance originelle.


A quand de véritables politiques de prévention ? A quand des politiques publiques qui permettent de concilier maternité et vie professionnelle ?

 
Union locale CGT La Courneuve
Le 27 mai 2019