Emmanuel Macron a dévoilé samedi 25 novembre son plan pour lutter contre les violences sexistes et
sexuelles
. Faute de moyens humains comme financiers et de mesures sur le travail, ce plan n’est pas à la hauteur des aspirations exprimées ces dernières semaines. La CGT appelle Emmanuel Macron à le compléter au plus vite par des mesures contre les violences sexistes et sexuelles au travail et par un budget dédié.

Grâce à la mobilisation des femmes, le Président de la République a prononcé des mots très forts sur la fin des violences sexuelles. Il a annoncé quelques mesures positives mais non financées, notamment l’effort de formation, la prise en charge des frais médico-psychologiques des victimes et l’allongement des délais de prescription pour les violences commises sur des mineur.es.

Conférence de presse organisée par la CGT le 22 novembre 2017 avec Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération Syndicale Internationale

Pas d’argent pour les droits des femmes

Sans moyens humains et financiers, ces mesures se résumeront à de la communication. L’Espagne a budgété 1 milliards d’euros sur 5 ans. Alors que dans le budget 2018, le gouvernement français baisse de 3,5 milliards d’euros l’impôt des 3000 foyers les plus riches, aucune enveloppe financière supplémentaire n’est prévue pour protéger les millions de femmes victimes de violence. Comment parler d’une grande cause nationale quand la priorité budgétaire n’est pas au rendez-vous ?

Pas de mesure contre les violences au travail

Le plan annoncé par Emmanuel Macron ne contient aucune disposition pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles au travail. Pire, dans ses ordonnances Travail, le gouvernement supprime les CHSCT et précarise davantage les salarié.e.s, les rendant par là-même plus vulnérables face aux violences. Pourtant, 25% des agressions sexuelles ont lieu au travail. Suite à l’interpellation de la CGT, Emmanuel Macron a annoncé une concertation sur les violences au travail, présidée par le Premier ministre. La CGT y présentera à nouveau ses propositions, en exigeant notamment qu’un volet de la loi sur les violences sexuelles annoncée pour début 2018 soit consacré à la protection des travailleuses, que les violences soient commises sur le lieu de travail ou dans une autre sphère.

Silence sur la norme OIT

Grâce à la bataille des syndicats rassemblés au niveau mondial dans la Confédération Syndicale Internationale, l’ordre du jour de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) en juin 2018 portera sur l’adoption d’une norme sur les violences et le harcèlement. Son contenu et sa portée dépendront du positionnement des États, et singulièrement de la France. Le Président de la République indiqué que la France interviendrait sur la question des violences sexistes et sexuelles au niveau international mais n’a pas dit un mot sur la norme OIT. Pourtant, la CGT, la CFDT, FO et la CFTC se sont inquiétées dans un courrier commun du projet de position de la France, qui refuse d’appréhender spécifiquement les violences fondées sur le genre.

La lutte contre les violences sexistes et sexuelles ne peut se limiter à une opération de communication. La CGT exige que les annonces d’Emmanuel Macron soient complétées au plus vite par des moyens humains et financiers et par des mesures contre les violences au travail.