Dans un rapport publié le 16 juin 2025, l’Inspection Générale des Affaires sociales (IGAS) alerte sur les dérives du groupe de crèches privées La Maison Bleue. Après avoir mené des investigations entre mars et décembre 2024, non sans peine, puisqu’une bonne part des documents demandés n’ont pas été fournis, l’IGAS indique avoir relevé des « défaillances en matière de qualité d’accueil » et des « non-conformités à la règlementation » comme des fausses déclarations, des perceptions de prestations par des moyens frauduleux ou encore des anomalies dans les comptes sociaux. L’IGAS indique aussi avoir observé des problèmes dans la gestion financière du groupe à côté de pratiques d’optimisation fiscale.
L’IGAS observe ainsi que la stratégie du groupe est orientée sur une optimisation de la masse salariale entrainant un accroissement de la tension dans les établissements, dans un contexte de pénuries de professionnel∙les et conduit fréquemment les établissements à « des non-respects de la réglementation ». Aussi, le contrôle de gestion joue un rôle prépondérant dans l’allocation des effectifs au détriment de la prise en compte de la réalité des crèches. Enfin, les manquements aux règles d’encadrement et de qualification en crèche sont fréquents, 49% des rapports de visite de la PMI le soulignant.
Finalement, l’IGAS montre qu’au sein de ce groupe, l’accueil dans les crèches repose sur « un niveau d’engagement élevé des professionnelles qui vise à compenser, sans y parvenir systématiquement et au risque de l’épuisement, l’optimisation des ressources humaines ».
Optimisation fiscale, rationalisation de la masse salariale, épuisement et responsabilité accentué de professionnelles parfois trop peu formées, le groupe La Maison Bleue reproduit ce que la CGT dénonce depuis de nombreuses années maintenant : la marchandisation du secteur de l’accueil de la petite enfance, la recherche de profit avant le bien-être des enfants et les bonnes conditions de travail des professionnelles.
La CGT s’est toujours opposée au financement du secteur marchand en matière d’accueil petite enfance en alertant sur les dérives que cela allait générer.
Les multiples drames récents dans des crèches de différents réseaux, la baisse de la qualité d’accueil, le manque important de personnel, les différents scandales d’enrichissement personnel, le financement des actionnaires des grands groupe par de l’argent public sont les conséquences de la marchandisation qui a déstabilisé tout le secteur de la petite enfance. Nous alertions déjà sur ce problème en mars 2024 lors de la publication d’un précédent rapport de l’IGAS sur les micro-crèches ou en avril 2023 sur la prévention de la maltraitance dans les crèches.
Dans tous les cas, la CGT demande toujours la sortie du secteur marchand dans l’accueil de la petite enfance comme dans les EPHAD ou dans le secteur hospitalier. La voracité du capital n’est pas compatible avec la qualité de service nécessaire dans ce secteur d’activité. La mise en place d’un service public d’accueil de la petite enfance est d’autant plus une urgence aujourd’hui.