Nous finissons ce matin l’examen de la convention. Les principaux points de blocage étant levés, le choses avancent plus facilement mais la vigilance s’impose car les employeurs ne désarment pas. Nous réussissons à mettre en échec la quasi-totalité de leurs amendements et la convention est adoptée à midi, sous les applaudissements de la salle (enfin essentiellement du groupe travailleu.se.r.s et des gouvernements). Attention cependant à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué…La convention doit encore être formellement votée par la pleinière et recueillir 66% des voix ! L’expérience de l’année dernière nous montre que de nombreux coups de théâtre peuvent encore advenir dans la dernière ligne droite…Surtout, nous tenons à ce que la convention soit adoptée avec la recommandation.

En effet, la convention reste assez générale et pour de nombreux pays dont la France, les avancées précises se trouveront dans la recommandation. Cela n’a d’ailleurs pas échappé aux employeurs dont la stratégie est de faire échouer la recommandation. Ils ont pris acte que le rapport de force était en leur défaveur et que nous gagnerions très probablement une convention. Ils ont donc construit une stratégie pour en affaiblir au maximum la portée et surtout nous empêcher de la renforcer en nous appuyant sur la recommandation. Ils ont donc déposé plusieurs amendements sur chaque article de la recommandation pour mener une bataille d’obstruction. La Russie et le Belarus ont fait de même, mais pas de chance pour les employeurs, fatigués d’être battus sur chacun de leurs amendements, le Belarus et la Russie ne les défendent plus en séance…pour l’instant du moins…

Nous sortons fêter notre victoire d’étape à la première manifestation mondiale organisée devant le Palais des Nations. A l’image de ce que la CGT fait à la Confédération Européenne des Syndicats en proposant l’organisation d’euro-manifestations, nous avons porté lors du congrès de la CSI la nécessité d’appeler à une manifestation mondiale à l’occasion du centenaire de l’OIT. Le but : exiger le renforcement des normes mondiales, du droit de grève et des libertés syndicales et revendiquer l’adoption d’une 190e convention pour éradiquer la violence et le harcèlement du monde du travail.

Cette manifestation fut une première doublement symbolique :

  • D’abord par sa composition internationale : si le cortège comptait beaucoup de Français (présence très remarquée de près de 2000 militants CGT, mais aussi plusieurs centaines de syndicalistes de FO, de Solidaires, et même de la CFDT ou de l’UNSA en très petit nombre), il réunissait aussi des syndicalistes de toute la planète. De nombreux délégués à la conférence y ont en effet participé, avec leurs drapeaux d’organisation, donnant au cortège de tête l’image de la diversité du mouvement syndical mondial tout en l’unifiant derrière des slogans clairs : défense des libertés syndicales, du droit de grève, d’une convention contre les violences sexistes existes et sexuelles et d’une OIT en mesure de produire et de faire respecter des normes ambitieuses. Les personnels des Nations-Unis, en lutte depuis plus d’un an pour défendre leurs conditions de travail et leurs rémunérations se sont également joints au cortège.
  • Ensuite par son parcours : partie des bords du lac, à une encablure du siège de l’Organisation Mondiale du Commerce, la manifestation a tenu son meeting sur la place des Nations en face du palais où se tiennent les assemblées de l’ONU.

Philippe Martinez qui conclut la manifestation avec Sharan Burrow en profite pour féliciter les travailleu.se.r.s suisses de leur grève du vendredi 14 juin et appelle  à l’adoption d’une convention sanctionnant les violences et le harcèlement dans le monde du travail. Alessandro Pelizzari, secrétaire général du syndicat UNIA de Genève rebondit: la grève du 14 juin a rassemblé 500 000 personnes, le plus grand mouvement social des de l’histoire suisse alors que le congé maternité maternite n’a Été mis en place qu’en 2006 en Suisse! 

Nous rentrons nous enfermer dans la salle de négociation et reprenons la bataille des amendements avec une séance annoncée jusqu’à minuit….