Chaque mois, la Fédération de l’Éducation, la Recherche et la Culture CGT s’associe à une journée internationale pour alerter sur les conditions de travail et de rémunération des femmes, mais aussi sur les questions d’éducation, de recherche, et de culture qui construisent les changements de société nécessaires à une véritable et réelle égalité entre les femmes et les hommes au travail.

Aujourd’hui dans le monde moins de 30 % des chercheur·ses dans le monde sont des femmes (Source ONESCO)

En France, l’état des lieux est le suivant : plafond de verre dans les branches de métiers scientifiques, inégalités salariales, la réforme du Bac qui accentue les choix genrés, la loi LPR défavorable aux femmes, et une invisibilisation des femmes de sciences.

Au CNRS, toutes disciplines confondues, le pourcentage moyen de chercheuses est de 35 %. Et, plus l’on s’élève dans la hiérarchie, plus ce pourcentage diminue. Dans l’enseignement supérieur, la proportion de femmes parmi les enseignant·es chercheur·ses chute avec seulement 27 % des professeuses d’université.

Sans parler des inégalités de salaires : dans l’ESR, en moyenne mensuel un homme enseignant-chercheur touche 3758 € et une femme 3370 € ; dans les entreprises, parmi les ingénieur·es, selon l’enquête menée en 2018 par l’IESF (Association des Ingénieurs Et Scientifiques de France), le salaire brut médian des femmes s’élève à 47 000 euros contre 60 000 euros pour les hommes (écart 22 %).

La LPR (Loi de programmation de la recherche 2021-2030) avec les nouvelles chaires de « professeur junior » et les mal nommés « CDI de mission scientifique » démotivent les jeunes femmes et précarisent davantage leurs carrières.

Marie Duru-Bellat, professeuse émérite en sociologie et spécialiste des questions d’éducation, s’inquiète des répercutions de la Réforme du Bac. « Dans l’ancien bac, les filles faisaient S parce qu’elles étaient de bonnes élèves, mais elles s’orientaient moins vers les sciences » dans le supérieur. « Aujourd’hui, poursuit la sociologue, on leur demande d’anticiper leur carrière professionnelle et l’on peut s’attendre à ce que leur choix soit encore plus genré ».

La FERC CGT dénonce le poids des stéréotypes qui conduisent les filles à s’autocensurer.

La FERC CGT dénonce « l’effet Matilda » (de l’historienne des sciences Margaret Rossiter), ce phénomène de déni ou de minimisation de la contribution des femmes scientifiques à la recherche.

La FERC CGT revendique la visibilisation des découvertes oubliées des femmes scientifiques et une restauration de l’Histoire pour des scientifiques comme la physicienne Lise Meitner, la biologiste Rosalind Franklin, l’astronome Jocelyn Bell, la généticienne Nettie Stevens, et la physicienne Marietta Blau.

La FERC- CGT rappelle :

  • qu’elle combat le système patriarcal, fondé sur une domination des hommes sur les femmes et toute forme de discrimination.
  • Qu’elle lutte pour l’égalité filles-garçons et dénonce les stéréotypes de genre.
  • Qu’elle défend l’accès des femmes aux postes de responsabilités dans tous les métiers et à tous les niveaux.
  • Qu’elle revendique l’égalité salariale et professionnelle.

Télécharger le Communiqué de Presse FERC CGT ICI

Lire ci-dessous et sur le site de la FERC CGT le dossier « Journée internationale des filles et femmes de sciences » – A télécharger ICI

Dossier

« Journée internationale des filles et femmes de sciences »

Chaque mois, la FERC s’associe à une journée internationale pour alerter sur les conditions de travail et de rémunération des femmes, mais aussi sur les questions d’éducation, de recherche, et de culture qui construisent les changements de société nécessaires à une véritable et réelle égalité entre les femmes et les hommes.

Le constat

Les filles représentent 58 % des étudiant·es à l’université. Elles sont 70 % dans les filières lettres ou sciences humaines, 40 % dans les filières scientifiques, selon le ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Pour autant, les parcours demeurent différenciés selon le sexe. Dès le lycée, les choix des filières scientifiques et techniques restent très clivés et les filles n’y représentent déjà plus que 31 %. Elles ne sont plus présentes qu’à 28,1 % dans les prépas scientifiques et dans les écoles d’ingénieur·es.

Dans le monde selon l’UNESCO, à l’heure actuelle « moins de 30 % des chercheur·ses dans le monde sont des femmes ». Selon les données de 2014-2016 de l’Organisation environ 30 % seulement des étudiantes choisissent des domaines liés aux STIM (Sciences, technologie, ingénierie, mathématiques) dans l’enseignement supérieur. À l’échelle mondiale, le taux de scolarisation des filles est particulièrement faible dans les domaines suivants :

  • Technologies de l’information et des communications, 3 %
  • Sciences naturelles, mathématiques et statistique, 5 %
  • Ingénierie, fabrication et construction, 8 %

En France, le plafond de verre est bien réel dans toutes les branches de métiers

Au CNRS, toutes disciplines confondues, le pourcentage moyen de chercheuses est de 35 %. Et, plus l’on s’élève dans la hiérarchie, plus ce pourcentage diminue.
Dans l’enseignement supérieur, la proportion de femmes parmi les enseignant·es chercheur·ses chute avec seulement 27 % des professeuses d’université.
Toutes les disciplines sont impactées avec des effets encore plus désastreux dans les disciplines « réputées difficiles et abstraites » comme la physique et les mathématiques.

  • En gestion et économie : 44 % des effectifs sont des femmes.
  • En langues & littérature : 62 %.
  • En mathématiques : 23 %.
  • En physique : 22 % (28 % parmi les Maitre·sses de conférence et 13 % parmi les Professeur·ses)/
  • En sciences pour l’ingénieur : 19 %.
  • En médecine : 27 %

Des inégalités de salaires

Dans l’ESR, en moyenne mensuelle un homme enseignant-chercheur touche 3758 € et une femme 3370 €.

Dans les entreprises, parmi les ingénieur·es, selon l’enquête menée en 2018 par l’IESF (Association des Ingénieurs Et Scientifiques de France), le salaire brut médian annuel des femmes s’élève à 47 000 euros contre 60 000 euros pour les hommes (écart 22 %).

Mais la réforme du Bac risque de renforcer les choix genrés des filières

Les premières données sur la répartition filles/garçons dans les spécialités de terminale, (soit la première promotion de la réforme du bac 2020) sont alarmantes : certaines matières scientifiques peuvent accueillir jusqu’à 87 % de garçons, quand des spécialités littéraires comptent 80 % de filles : 58 % de garçons en mathématiques et 87 % en informatique contre 30,7 % des filles.

Marie Duru-Bellat, professeuse émérite en sociologie et spécialiste des questions d’éducation, s’inquiète de son côté de ces premières données. « Dans l’ancien bac, les filles faisaient S parce qu’elles étaient de bonnes élèves, mais elles s’orientaient moins vers les sciences » dans le supérieur. « Aujourd’hui, poursuit la sociologue, on leur demande d’anticiper leur carrière professionnelle et l’on peut s’attendre à ce que leur choix soit encore plus genré ».

La LPR va pénaliser les femmes en repoussant l’âge de recrutement

Les nouvelles chaires de « professeur junior », qui consistent à donner quatre à six ans à une collègue pour faire ses preuves avant d’être recrutée, ou non, au niveau de professeuse, vont démotiver les jeunes femmes qui hésiteront à candidater.

Les nouveaux « CDI de mission scientifique » qui, contrairement à leur nom, sont à durée limitée, vont également précariser davantage les carrières des femmes.

Même Frédérique Vidal partage ce constat inquiétant. Dans un rapport publié en mars 2020, la ministre écrit : En France, mais aussi dans la plupart des pays européens, la part des femmes de 25 à 34 ans diplômées de l’enseignement supérieur est 10 points supérieure à celle des hommes. Pourtant, à l’entrée dans la vie active, la position des femmes reste problématique avec des écarts de rémunération défavorables d’emblée – de l’ordre de 10 % pour les diplômées de master -, ou une qualité de l’emploi inférieure, et ce quelle que soit la discipline de formation.

Pourquoi ? …encore le poids des stéréotypes

Dès le plus jeune âge, on ne valorise pas les mêmes qualités chez les filles et chez les garçons. Rapidement les premiers effets des inégalités femmes/hommes en matière de choix d’orientation se font sentir : dès la classe de seconde, seulement 46 % des élèves qui suivent des options scientifiques ou technologiques sont des filles, alors qu’elles sont surreprésentées (69 %) dans les enseignements d’exploration au profil littéraire, selon les données 2016 du ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

En raison des stéréotypes attribués à certaines filières, les filles ne vont pas naturellement vers les formations scientifiques et technologiques dites « masculines ». Elles doutent de leurs capacités à s’intégrer dans des formations où les garçons sont plus nombreux et, au final, sont poussées à l’autocensure (notamment par toutes sortes de comportements leur indiquant qu’elles ne sont pas autorisées à se sentir bien dans ces filières). Les filles privilégient des filières qui font appel aux soi-disant dispositions naturelles féminines (l’écoute, l’attention aux autres…) plutôt que celles qui demandent des compétences plus techniques.

Focus : et l’histoire ? L’effet Matilda, ou les découvertes oubliées des femmes scientifiques

« L’effet Matilda », ce phénomène de déni ou de minimisation de la contribution des femmes scientifiques à la recherche. Bien souvent, leurs travaux sont attribués à des collègues masculins, quand elles ne sont pas tout bonnement oubliées. Au cours de l’histoire, les femmes de science se sont faites spolier de nombreuses découvertes.

Nombreuses sont les femmes qui se voient évincées des remises de prix, quand il ne s’agit pas carrément d’un prix Nobel. De la physicienne Lise Meitner à la biologiste Rosalind Franklin en passant par l’astronome Jocelyn Bell, beaucoup de ces scientifiques n’ont accédé à la reconnaissance qui leur était due que des années après leurs découvertes. La minimisation, quand il ne s’agit pas de déni, de la contribution des femmes scientifiques à la recherche n’est pas un phénomène nouveau : l’historienne des sciences Margaret Rossiter l’a théorisée sous le nom d’effet Matilda.

Des exemples

Jocelyn Bell-Burnell (1943-) – Astrophysicienne britannique, est connue pour sa découverte du premier pulsar en 1967. C’est pourtant son directeur de thèse, Anthony Hewish, qui se vit décerner le prix Nobel de physique 1974. Ce fut par ailleurs la toute première distinction attribuée dans le domaine de l’astronomie.

Nettie Stevens (1821-1912) – Généticienne américaine, fut à l’origine de la découverte en 1905 que le sexe de chaque individu est déterminé par des caractères chromosomiques XY. Une contribution phénoménale à la science génétique naissante. Mais ce sont ses mentors, Thomas Hunt Morgan et Edmund Beecher Wilson, que l’histoire retiendra.

Marietta Blau (1824-1970) – Physicienne autrichienne, a révolutionné les méthodes photographiques de détection de particules chargées avec une de ses étudiantes, Hertha Wabacher. Le prix Nobel sera pourtant attribué en 1950 à Cecil Powell.

Face à ces constats dans le monde de la recherche et des sciences, la FERC- CGT rappelle :

  • qu’elle combat le système patriarcal, fondé sur une domination des hommes sur les femmes et toute forme de discrimination.
  • Qu’elle lutte pour l’égalité filles-garçons et dénonce les stéréotypes de genre.
  • Qu’elle défend l’accès des femmes aux postes de responsabilités dans tous les métiers et à tous les niveaux.
  • Qu’elle revendique l’égalité salariale et professionnelle.

Et toujours… Analyses et préconisations à retrouver dans les guides CGT disponibles :https://www.egalite-professionnelle.cgt.fr/